Le métier de gestion (2) : administration et technique (19/01/2015)

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Lors d’un message précédent (attachés à notre métier) nous avons évoqué l’idée que le grade d’attaché d’administration, plus qu’à des fonctions, correspond à un métier, celui de la gestion (res gestae). Les discussions qui en ont suivi nous ont confirmé dans cette idée qu’il y avait quelque chose de spécifique à défendre pour notre corps de fonctionnaires. Ce serait l’unicité d’un savoir pouvant s’appliquer à une multiplicité d’objets. Dans l’administration parisienne, nous voyons toutefois de plus en plus ce savoir revendiqué par d’autres corps. Ne faisons pas de corporatisme, seulement un peu de juridisme en nous reportant aux statuts particuliers de trois corps des administrations parisiennes : 

 

Que pouvons-nous tirer de cette comparaison ? Que les ingénieurs occupent des emplois en fonction de leurs compétences techniques, scientifiques et même administratives et qu’ils sont destinés à la mise en œuvre des décisions municipales et départementales. Au risque d’étonner, le champ des attachés est plus vaste : conception, élaboration, mise en œuvre. Rien que ça : que celle ou celui qui n’a jamais participé à la conception d’une politique municipale ou départementale lève le doigt.

Faisons maintenant un bref détour par les fiches de poste proposées aux ingénieurs, ST par exemple. Huit postes sont offerts : chef de projet, directeur de projet (subtile nuance !), responsable de secteur, bureau ou autre département. Regardons la rubrique que l’on ne regarde pas toujours, les « connaissances professionnelles ». Nous vous les livrons ici en liste, sans différencier les postes :

 

 

Cet échantillon est sans doute très ponctuel, mais nous voyons bien ici que les savoirs attendus des ingénieurs peuvent aussi relever des compétences des attachés, dont nous rappelons que par accident ils peuvent aussi avoir une parfaite maîtrise de l’anglais ou une expérience opérationnelle des marchés publics. Nous vous invitons tout simplement à regarder ces fiches de poste et à vous demander vous-mêmes si vous vous sentiriez capables de tenir ces postes. Ici se dessine un malentendu dans l’administration parisienne : les ingénieurs y sont-ils employés pour faire de l’ingénierie ? Les ingénieurs, nous dit le Larousse, « sont des personnes que leurs connaissances rendent apte à occuper des fonctions scientifiques ou techniques actives en vue de prévoir, créer, organiser, diriger, contrôler les travaux qui en découlent, ainsi qu'à y tenir un rôle de cadre. ». Or, les postes que nous les voyons occuper aujourd’hui ne mobilisent pas nécessairement des savoirs scientifiques et techniques et ils sont donc en concurrence avec les compétences des attachés.

 

Nous formons sur cette base deux hypothèses :

  1. Démographique : il y aurait trop d’ingénieurs pour les « fonctions scientifiques et techniques actives » et ils reflueraient vers des postes plus fonctionnels. Cela renverrait à une difficulté de gestion des corps, soit par défaut de prévision, soit parce que l’administration parisienne ne se juge plus apte à opérer elle-même dans les domaines techniques (de même, les architectes municipaux, s’ils restent dans leur compétence, ne sont que rarement maîtres d’œuvre).
  2. Fonctionnelle : il y aurait une croyance en la nécessité de disposer de savoir techniques pour effectuer des tâches de gestion, de management dans des domaines techniques, un peu comme si l’on exigeait des conducteurs de voiture d’être des mécaniciens accomplis.

Quelle que soit l’hypothèse que l’on retient, et il est permis de les combiner, le résultat est que les postes  proposés aux attachés diminuent en nombre ou en intérêt. On peut pour s’en convaincre faire le compte des positions tenues autrefois par des attachés ou administrateurs et maintenant par des ingénieurs. Libre à chacun aussi d’évaluer le contenu, plus ou moins gestionnaire ou technique de ces postes.

Introduisons aussi cette notion pas forcément glorieuse et qu’on ne détaillera pas ici sous toutes ses espèces : le corporatisme. Les attachés sont-ils assez corporatistes ? Faut-il l’être seulement un peu ?

Nous nous contenterons ici de conclure en réaffirmant que la meilleure manière de défendre notre corps et de lui aménager un meilleur avenir est de défendre notre métier, le métier de gestion, en tant que savoir pouvoir opérer dans les domaines les plus divers.

Une deuxième fois : fiers de notre métier ?

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